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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
que la Flandre et l'Artois restèrent provinces françaises jusqu'au traité de Madrid, c'est-à-dire jusqu'en 1526 ; par conséquent, l'im­mense succès des tentures qui reçurent du principal centre de pro­duction le nom d'arazzi doit figurer parmi les meilleurs titres de gloire de l'ancienne industrie française.
Il semblera peut-être étrange que nous insistions sur une vérité si évidente qu'elle devrait se passer de démonstration; mais il nous a paru indispensable de réagir contre l'habitude généralement ac­ceptée de créer une section spéciale pour la Flandre dans l'histoire de la tapisserie, de considérer en quelque sorte cette province comme complètement indépendante de la patrie française au point de vue industriel et commercial1.
Le métier de basse lice, comme on l'a déjà dit, a été connu et employé bien avant son rival. Encore ne le trouve-t-on désigné nulle part, avant le xvne siècle, sous le nom qu'il porte aujourd'hui. La tapisserie de basse lice fut longtemps appelée tapisserie à la marche, d'après le nom donné aux pédales ou marches à l'aide des­quelles l'ouvrier sépare les fils de chaîne. Que le métier horizontal soit bien antérieur au métier vertical, cela ne fait pas de doute; aussi est-il assez singulier qu'on n'en trouve pas> de vestiges avant l'apparition de la haute lice. Les termes dans lesquels on parle de la nouvelle industrie impliquent l'antériorité et l'existence déjà ancienne du métier à pédales ; toutefois, jusqu'à la fin du xiii- siècle, l'œuvre du tapissier ne se distingue pas nettement, dans les textes authentiques et les actes officiels, de celle du tisserand.
Ouvrez les règlements des artisans de Paris rédigés vers 1250 ; deux classes de tapissiers, les fabricants de tapis sarrasinois et ceux de tapis nostrez, paraissent seuls au nombre des corporations orga­nisées à cette époque.
Sur ces termes de sarrasinois et de nostrez aucune explication sa­tisfaisante n'a été produite jusqu'ici. Le mot sarrasinois, dans l'opi­nion la plus répandue, s'appliquait aux tapis velus à la façon des
1 Nous-même, dans VHistoire générale de la tapisserie, récemment publiée avec la collaboration de MM. Pinchart et Miintz, nous avons semblé admettre la justesse de cette distinction • en attribuant à deux auteurs différents les ate­liers flamands et les ateliers français. Des considérations toutes personnelles et la nécessité de laisser à chacun une part à peu près égale dans l'œuvre com­mune ont été les seules causes de cette division, à laquelle.il ne convient pas d'attribuer une signification qu'elle ne comporte point.